mercredi 18 novembre 2009

Entreprendre et réussir, selon Novelli

Co-écrit avec Louis Le Duff, créateur des enseignes franchisées Brioche Dorée et de (Pizza) Del Arte, notamment, le livre a été présenté par Hervé Novelli au Salon des micro-entreprises le mois dernier. Depuis, on croise la pub un peu partout, notamment dans les Relais H devenus Relay, pour faire davantage French !! Et que lit-on comme arguments ? Sécurité, rentabilité, performance. Parlons-en…

Le livre comporte trois parties : l’entrepreneur, l’auto-entrepreneur et le franchisé. Concernant la franchise, il est dit que 1250 réseaux de franchise cherchent des partenaires, mais sont-ce des purs entrepreneurs ? Ils cherchent la sécurité, espèrent la rentabilité et la performance. Les connaisseurs savent qu'il faut pas mal relativiser, selon les franchises, et que l'investissement est très important. Concernant l'auto-entrepreneur (2/3 des inscriptions Insee en octobre), sont-ce des entreprises ? Pas encore, pas vraiment, pas forcément au bout du compte*.

Si 56% des français rêvent de créer leur entreprise, on prévoit que quelque 500 000 auront sauté le pas de la création en 2009. Mais que se passe-t-il dans les faits ? Parmi les articles récents, je citerai celui de l'entreprise.com. Car, même s'il est titré "Encore un bon cru pour les créations d’entreprises en octobre 2009", il explique clairement qu'il s'agit aussi d'un "dispositif détourné de sa vocation première". Extrait :… il s’avère fréquent que des salariés utilisent ce dispositif non pas pour créer leur société, mais tout simplement pour se faire rémunérer. Le régime de l’auto-entrepreneur se révèle pratique pour les employeurs qui, tout en ayant besoin de main-d’œuvre supplémentaire, rechignent à embaucher un salarié en CDD ou en CDI, une procédure jugée trop lourde ou trop coûteuse en termes de charges sociales pour les comptes de l’entreprise.

Sécurité, donc ! Est-ce bien la quête de ces faux entrepreneurs qui préfèreraient un contrat de travail pour assurer un service sous la responsabilité et la conduite d'un employeur de fait ? La re-qualification en contrat de travail est un risque que leur faux clients n'ont même pas imaginé. A vouloir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière, on aboutit à du n'importe quoi !

Rentabilité, ensuite ! Est-ce que les "créateurs", comme on appelle sans nuance les auto-entrepreneurs inscrits, s'y retrouvent quand leurs clients (et faux clients) leur dictent leurs conditions ? Le vrai client a tendance a user de sa position de force par rapport à la prestation de service qu'il pourrait confier à l'auto-entrepreneur, en faisant baisser anormalement les tarifs. Le faux client (employeur qui ne veut pas le reconnaître) reprend cette complainte des cotisations sociales qu'il veut économiser, en essayant de négocier (d'imposer ?) des prix sans charges. Mais qui va payer les pots cassés ? Celui qui n'est ni autonome ni entrepreneur risque fort de confondre chiffre d'affaires et revenus.

Performance, enfin ! Est-ce que les créateurs optant pour le régime d'auto-entrepreneur en tirent un bénéfice réel ? Combien leur restera-t-il une fois déduites les charges, certes moindres ? Une fois payés les frais inévitables associés à la création (temps passé à une mini-étude de marché, fournitures, équipement minimum, invitations, prospection, voire formation, etc.) ? Ne vaudrait-il pas mieux démarrer tout de suite en portage salarial pour bénéficier de services plus performants, et faire baisser plus vite les frais de gestions appliqués sur le CA facturé ? Ou ne vaudrait-il pas mieux créer une vraie entreprise pour adopter dès le départ les bonnes pratiques de gestion qu'il faudra de toute manière intégrer une fois dépassé le plafond du régime d'auto-entrepreneur ? Est-ce que les clients y retrouvent leur compte ? Qu'arrive-t-il si la prestation ne convient pas, si le prestataire n'est pas qualifié, pas assuré ? Quel est le gain au final ? Est-ce que le système économique dans son ensemble fonctionne efficacement ? Crée-t-il de la valeur ajoutée ?

(*) voir aussi "Auto-entrepreneurs : bien voir les choses derrière les mots"