Dans la prestation de service aux entreprises, un certain nombre d'acteurs font converger leur mode de fonctionnement vers le bas : le moins-disant pour les acheteurs, le dumping pour les prestataires.
L'interview récente de François Amblard, Président de la chambre de l'ingénierie et du conseil de France (CICF), illustre bien cette tendance : “La CICF qui est très bien implantée en région constate depuis quelques semaines que des prestataires font des offres anormalement basses. Selon nos statistiques, la journée consolidée de technicien et ingénieur se rémunère entre 600 et 800 euros. Or, des offres sont faites jusqu'à moitié prix pour garnir les carnets de commandes. Ces prestataires sont dans un système de vente à perte ou, encore plus grave, en dessous de ce qui est nécessaire pour bien faire leur travail. Il y a là un risque fort de générer des relations contractuelles conflictuelles, des prestations incomplètes voire pas faites, des sous-traitances dans les pays à bas coûts, des sinistres à retardement... Ne sacrifions pas la qualité de l'ingénierie à la crise.”
François Amblard précise également que “le portage [salarial] n'est pas destructeur d'emploi. Il est plus souple, moins contraignant et moins cher. Il doit être encadré. Le Syndicat national des entreprises de portage salarial, adhérent de la CICF, joue ce rôle.”
François Amblard précise également que “le portage [salarial] n'est pas destructeur d'emploi. Il est plus souple, moins contraignant et moins cher. Il doit être encadré. Le Syndicat national des entreprises de portage salarial, adhérent de la CICF, joue ce rôle.”
Or, au moment où les indépendants (entreprise individuelle ou société) souffrent des interruptions ou retards de missions client, on assiste à une collusion objective entre certains donneurs d'ordre et certains nouveaux (pas forcément) auto- (et pas forcément) entrepreneurs. Une fausse aubaine du point de vue commercial pour ces nouveaux prestataires de service qui espèrent tirer un meilleur revenu de leur activité que s'ils avaient créé une vraie entreprise ou avaient commencé par une société de portage salarial. Car, il ne faut pas se leurrer : les clients savent négocier et faire pression pour obtenir une baisse des prix d'un auto-entrepreneur, en jouant sur les moindres charges que permet ce régime.
Au final, on risque de brader la prestation "intellectuelle", comme le constate la CICF. Les clients en auront forcément pour leur argent : le prestataire sera moins performant, moins complet, moins à l'écoute de son client, … Les prestataires ne mettront pas à jour leurs pratiques, seront moins bien formés, resteront isolés, … Au bout du compte, les clients seront moins satisfaits, minimiseront le recours à des experts, consultants, spécialistes externes… jusqu'à ce qu'ils en ait à nouveau un besoin urgent, au moment du re-décollage de leur activité. Mais peut-être sera-t-il trop tard, car ils auront négligé de se préparer, de mettre en place de nouveaux process, de former leurs équipes, d'anticiper…
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