samedi 23 janvier 2010

Auto-entrepreneur ou le travail au stade germinal

C'est le titre d'un article publié dans Agoravox, avec pas mal de fautes ! A lire quand même, pour sa dénonciation des pratiques de servage qui se développent de plus en plus. En même temps, je note diverses initiatives aboutissant finalement au même résultat : la précarité croissante de l'emploi paré de costumes variés.

Il n'y a pas que l'auto-entrepreneur, initié avec de bonnes intentions — en tous cas affichées comme telles ! — pour produire des résultats non désirés : révolte de l'artisanat, concurrence déloyale, baisse des prix imposée par les clients avisés, chantage à l'embauche, fin de contrat de travail transformé en "je te reprends comme auto-entrepreneur", j'en passe et des pires !

Quelques acteurs du portage salarial ou connexe font une macédoine assez indigeste, en mélangeant des choses étonnantes ou en lançant des offres hybrides, pour essayer de convaincre les pas-si-autonomes et pas-si-entrepreneurs de préférer leur formule ou de recourir à leurs services :
  • une Scop de la région aquitaine, qui entretient la confusion entre les notions d'activité et d'emploi dans une coopérative du même nom, annonce l'avènement du "salarié-entrepreneur", avec un fonctionnement* identique au portage salarial, mais sans le revendiquer, 
  • une EPS nationale connue (Entreprise de Portage Salarial) — pourtant membre du SNEPS — vient de lancer sa "nouvelle solution d'autonomie professionnelle", en déposant sa marque "devenir auto-salarié®" (!!) pour "concilier indépendance et salariat", dit-elle dans son communiqué de presse,
  • un de ses confrères parisiens — également membre du SNEPS — avait essayé la même idée il y a pile un an, au démarrage du régime d'auto-entrepreneur,
  • un autre acteur du portage salarial — membre de la FeNPS, originaire de la région Aquitaine — se dit préoccupé par les négociations en cours avec le Prisme**, et déclare que "l'incompétence de l'intérim [qui] n'a aucune légitimité en la matière" se traduit par les premiers résultats des négociations poussives avec les syndicats de salariés, prévoyant de réserver le portage salarial aux seuls cadres et aux activités intellectuelles,
  • la même fédération, second syndicat historique du portage salarial, militant en faveur de la prise en charge de tous les métiers de prestations de services, tant auprès des entreprises que des particuliers, tant intellectuelles que productives, artisanales ou artistiques, vient de publier un communiqué de presse qui reprend les mêmes griefs que le précédent membre cité.
Que penser de ces réactions ? Quand cette fédération professionnelle pointe du doigt les risques d'exclusion des métiers hors prestations intellectuelles, elle fait une confusion entre "métiers" et "prestations" ou travail par missions, notamment en mode projet. Le désaccord avec le SNEPS, qui a poussé des EPS à créer la FeNPS, portait notamment sur les activités acceptées en portage salarial. Rien de bien étonnant, puisque les membres fondateurs du SNEPS ont précisément créé la formule — et déposé la marque — pour apporter la sécurité juridique et financière à une profession, avant de signer le seul accord paritaire de branche, en novembre 2008, suite aux accords d'entreprises de 11 d'entre elles.

En insistant pour porter toutes les activités, l'autre syndicat communique involontairement sur la précarité professionnelle d'un nombre croissant de personnes. De même, en regrettant l'idée que le portage salarial est plutôt une solution transitoire (vers le retour à l'emploi, vers la création d'entreprise, vers la retraite). Pour autant, elle vise juste sur d'autres points, notamment en soulignant le conflit d'intérêt entre les sociétés d'intérim qui se mettront à proposer du portage salarial en alternance avec l'intérim et les CDD. (C'est aussi ce que dit le SNEPS). 

(*) citation : "L'entrepreneur-salarié est payé au prorata du chiffre d'affaires réalisé, déduction faite des cotisations sociales (salariales et patronales) et d'une participation aux frais de la structure qui représentent 10% de son chiffre d'affaires H.T" 
(**) le PRISME (Professionnels de l'Intérim, Services et Métiers de l'Emploi) est le nouveau nom du SETT (Syndicat des Entreprises de Travail Temporaire), depuis juin 2006, un an après que le secteur de l'intérim ait obtenu l'autorisation de faire du recrutement et du placement public.

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